Sur la corniche

L’heure tremble encore de chaleurles éclats de la journée s’embrasent -éclats de rire et d’eau dans la lueuraquatique des platanestoutes les promesses d’une table familiale marbrée du feuillage de l’étéet la roseraie pâlie de soleil, déserte dans le feu de l’après-midiau large de laquelle nous avons croiséL’heure tremble encore de chaleuret la lune plus fine…

Cigales nocturnes

  Éteins ce chant Trop intérieur et trop lointain Éteins ce chant Je ne peux plus Entrer dans la nuit des cigales - Le temps déjà était né Me semble-t-il Tout juste Et comptait sur ses doigts Debout dans le vertige étoilé de la nuit Des galaxies aux cils - Sur mon âme la pluie…

Elle passe

elle passe coiffée d’algue folle avec son ombre qui va l’amble la brûlure soudain au sommet de mon crâne ! sur le seuil étonné de mes lèvres une bulle garde le secret d’un cri elle passe miroitante à l’enjambée d’ibis et l’urne qui me contient se leste du plomb de l’instant immortel ce qu’elle emporte,…

Camp fire

... reprise d'une chanson populaire, d'une chanson d'amour, par un frère et une soeur dont les voix s'épousent comme des peaux. ... or si sa voix à lui demeure en sa clarté et sa jeunesse mêmes mondaine, sa voix à elle est faite de la matière de l'écho, ample comme l'épaule d'ombre de la montagne…

EDR 2 (le jeune amant)

  Le jeune amant a une tête à se nommer Juan, ou Esteban, alors c'est ainsi qu'elle le désigne, en pensée, puisqu'en dehors il est peu besoin de s'interpeler quand on ne veut se connaître que de la peau et des abîmes. Thomas, dont le nom compte seul parmi les vocables du monde, l'appelle Julian.…

Eau de rose

    Dès qu’il franchit le seuil elle se sent possédée. Il est devant elle comme un arbre dont elle serait l'ombre fidèle, comme une falaise - l'horizon se soulève. En silence, il balaie le vestibule du regard, prend la température du lieu. Son nez haut et droit dirige un faisceau d'énergie de gauche à…

Arcane (2)

Percevoir l’arcane du monde et tâtonner vers son déchiffrement est l’objet même de la poésie. La poésie ne peut advenir sans cette foi perceptive, aussi brumeuse soit-elle, d’une vérité à la fois immensément lointaine et trop proche, et dont le monde est une manifestation. C’est à cela qu’on la reconnait : au passage de son…

Arcane (1)

« La matière est l’excroissance de l’amour » (Rodin) Quand je marche, il me semble répondre à l’exigence du paysage. Ce désir qui me harponne et me pousse dès qu'un peu de ciel s'ouvre, qui m’écartèle, qui justifie non seulement ma présence en ce lieu mais mon existence même, ce désir, s’il passe par moi,…

Sur Le Cirque bleu

* Approche mon aimée Cette nuit est propice Dénoue ta longue natte et ombre tes paupières Du pigment bleu des songes - Ensemble pénétrons dans les eaux giboyeuses Entends-tu bien-aimée Hennissant de désir sous l’archet de la lune La verdeur vagabonde de l’été ? Garde-toi de son œil plein de mélancolie D’autres s’y sont noyés…

Ecrire (2)

J'ai un cours de grec à préparer pour cet après-midi. Je me retourne dans mes draps, j'attends le moment où l'énergie, qui rampe diffuse à ma périphérie, se rassemblera et me jettera hors du lit sans aucun effort de ma part. A quoi bon sommer ma volonté, qui toujours obtempère de si mauvaise grâce que…

Note sur la poésie

Remarques en parcourant, de temps à autres, Philippe Jaccottet, une poétique de l'insaisissable de Jean Onimus (Champ Vallon). La poésie comme quête du réel insaisissable. Comme entreprise par laquelle on ôte, et arrache s'il le faut, les masques rassurants soigneusement plaqués sur la sauvagerie du réel : concepts, mots, dieux, etc. Elle s'opposerait ainsi à…

Degrés d’amour

Le blog Les Narines des Crayons mentionne aujourd'hui deux recueils poétiques de mon amie Chloé Landriot, Un Récit et Vingt-Sept Degrés d'Amour. J'ai écrit ici mon admiration pour le premier, et voulais attendre que la poire soit mûre pour toucher un mot du second. Suffit : l'automne mûrissant plus vite que ses fruits, je renonce à…

Violette, de Jehanne Nguyên

Dans la galerie des personnages convoqués hier pour participer à un atelier d'écriture, il en est un que j'ai emprunté sans vergogne et sans rendre à sa créatrice l'hommage dû. Sans chercher à excuser cette façon plus que cavalière d'agir, je voudrais, en l'expliquant, saisir l'occasion de parler du roman dont Violette est l'héroïne éponyme.…

Si

Sur la soie de ta peau sous tes iris de lierre Transhume un flot d'étoiles Si j'afferle une voile Et déploie son appel au mât de mes prières Conduira-t-il ma course au havre des désirs Et si sur ma boussole L'aiguille en vain s'affole Auras-tu l'impatience de me secourir La mer est écheveau de rêves…

Hespérides

Ton visage parle d'Îles Où surnage le Couchant Comme sur leurs rivages L'été perpétuel Il m'entête au passage D'une faim d'ombre douce Il déjoue mes paupières et arrime ma soif Aux étoiles transhumant Immobiles passagères Sur la soie de ta peau sous tes iris de pierre Et que luise trop léger L'orient de ton sourire…

Le vent de l’incendie

Est-il vrai que de ton corps ils ont brisé l'arc Qu'ils l'ont emprisonné, corseté d'ombres blêmes Et qu'ils l'ont mis au pas, troué et menotté ? Ils sont venus hautains par la route du soir Jeter contre mon seuil leur morgue et leur victoire Mais de leur bouche amère Suintait une souillure qu'ils ne voyaient pas…

Haïkus pour une impasse

I Assis sur le banc Tu retiens le flot De ta gorge à mes cheveux ... Par nos mains qui ne se touchent Les dieux viennent de sceller Notre lâcheté ... Sur la route où tu vas seul La palme du souvenir - Pourvu que le vent... II Je ne peux imaginer Ma vie ni…

Attendre le soleil

Trois jours à Toulon et toujours pas de soleil. Ca ne fait rien, j'aime être ici, la double vue sur la mer laiteuse par les baies vitrées de mes parents. Les ferries vont et viennent, témoins d'une Corse qui subsiste dans la brume, d'une Sardaigne vacillant à l'horizon de la conscience. Toujours pas de soleil.…

Mon amour est

Mon amour est sans quotidien Il lève une moisson de glaives Devance une explosion d'aurores Où s'engloutissent les midis O jours, o nuits éblouis ! Mon amour est sans changement Il va par des chemins abolis Dans le saisissement de la gloire D'une foulée héraldique Rythme premier et rythme ultime Mon amour est sans concession…