Ce fut le jour où le dieu né à Délos posa son regard sur la montagne au-dessus de la plaine de Crisa que le bleu naquit.
Le dieu vit la montagne, et de la montagne il vit la mer, au-delà de la longue plaine noyée d’oliviers où s’ébattaient les farouches, et le dieu dit :
Ici je révèlerai à tous
les desseins des Immortels.
Un bateau passait au loin faisant voile vers Pylos.
Dans le coeur du dieu qui ne connaissait que la lumière et sa forme sonore, quelque chose vint à être qui était l’ombre de la lumière, un amoindrissement, un attendrissement, une larme frontalière.
Les lèvres du dieu se mirent à exister, et le froid sur le globe oculaire quand l’hiver réclame une plaie, et la contraction de la mâchoire, amère, qui appartient aux hommes mortels.
Pour la première fois, entre l’inspiration et l’expiration – car les dieux respirent, le savais-tu, et même saignent – il y eut une suspension.
Ce fut le bleu.
A l’invitation de mon amie Joséphine Lanesem, qui poursuit une merveilleuse exploration des couleurs. Son texte sur le bleu.
Merveilleux ! On dirait un vrai texte sacré.
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J’ai fait lire à mes élèves l’Hymne homérique à Apollon récemment. Ce fut comme une plongée dans la fontaine de jouvence. 🙂
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ce qui prouve que c’est un vrai texte sacré.
comme souvent avec Frog.
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🙂
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