L’heure tremble encore de chaleurles éclats de la journée s’embrasent -éclats de rire et d’eau dans la lueuraquatique des platanestoutes les promesses d’une table familiale marbrée du feuillage de l’étéet la roseraie pâlie de soleil, déserte dans le feu de l’après-midiau large de laquelle nous avons croiséL’heure tremble encore de chaleuret la lune plus fine…
Première nuit de printemps
Fenêtres ouvertes sur la nuitblancs lampadairesjetant plus d’encre au ciel Une étoile perce ma myopieLe plaisir vient trop tôtcomme la saisonVoisle printemps replie le linceul de l’hiver et sa respiration fait une rumeur comme en ce poème où sur la palme chante la mélancolie d’un vieil enfant(La fenêtre est en haut, et du monde on…
Graines
Voici qu'en me baladant dans les notes qui trainent dans mon téléphone, je tombe sur des phrases jetées là comme des graines dans les sachets de papier où elles attendront le printemps et une pincée de terreau. Mais je doute du lendemain, et je doute de ma mémoire. J'ai désormais assez vécu pour savoir que…
Sentinelle
A la fenêtre. C'est une nuit que traverse une vallée.Au-delà, le flanc des montagnes : nuit plus dense, et grosse, à la pointe de son encre, d'une germination. Le jour.A la fenêtre - livrée.D'autres iront sur les sentiers conquérir le cousinage du ciel par la croix de l'aigle appelés à jauger l’altitude de leur destin.D'autres…
Par la voix de Chloé Landriot
Mon amie Chloé Landriot, dont j'ai présenté deux magnifiques recueils de poésie, Un Récit et Vingt-Sept degrés d'amour, me fait la surprise et l'honneur de lire deux de mes poèmes dans le cadre d'une des pauses poésie qu'elle organise régulièrement à la Couveuse - Maison Pour Tous de Chadrac. Confinement oblige, les poèmes voyagent désormais…
Insignifiance
je vis sous l’aile transparentede l’insignifiancesous son manteau de feuilles au ventinvisible qui vais au grand jourmuette en mes paroles sourdesignorante ignorée dans ma nuit s’efforce l’étoilement patientd’une confiance qui ne m’appartient paset néanmoins m’enserre(chuchote, flamme de mes os)comme un souffle venu du ventre de la terrequi fait vieillir l’hiver je vis sous le voile…
Vertige de l’herbe

Marcher : cette houlecreux après creuxcrête après crêtesur les reins de l’élanà chaque souffle son trébuchementà chaque chute son étonnement une cambrureet puis la résurgence et de l’œil jusqu'à demainla flèche le filinoù se suspend l’instant (la foi est une incantation infime)d’espace en espace conquis et renoncéincessamment s’avancentfront après front de verdeurà chaque brin, le rêve de sa frange de lumièredans…
Cigales nocturnes
Éteins ce chant Trop intérieur et trop lointain Éteins ce chant Je ne peux plus Entrer dans la nuit des cigales - Le temps déjà était né Me semble-t-il Tout juste Et comptait sur ses doigts Debout dans le vertige étoilé de la nuit Des galaxies aux cils - Sur mon âme la pluie…
Shodo 1 – portrait
Divagation après le premier cours de calligraphie (absence manifeste de talent, deux mains gauches). Le visage que renvoie l'écran, pris dans la masse, sourire et paupières fatigués et bouffis, dérangeants, étrangers, réduit-il au mensonge le visage qui m'advient quand j'écris, c'est-à-dire le visage que projette la tension d'écrire sur l'envers de ma face précis, fuselé…
Un poème de Chloé Landriot
Nous voici ramenés au réel A ce présent endolori que nous n’habitions plus C’est comme Trébucher Tomber N’être plus que genou Et n’être plus que paume Le petit filet de sang La poussière incrustée là ou la peau s’est arrachée On se demande encore Comment Et pour de très longs jours Être paume et genou…
and so about the afterlife
and so about the afterlife I say to him, you see my mum and I are standing at opposite ends, she not able to imagine that we who think and feel - her voice just like frail hands against a heavy door - might be no more whereas I well I struggle even to…
si l’on savait d’où le poème
si l'on savait d'où le poème par quelle lézarde dans la masse du rêve et de quel grain de quelle fibre et chair quel le volume quelle la forme à ériger en équilibre sur la cime des poumons ou pesant et roulant sur la langue timide tandis que bat le sang dans le taillis…
distance
Partout l'haleine de feuillages rêvés La cathédrale est aphone Gueules dressées, les rangs d'euphorbes menacent printemps Le vent hésite et s'étonne : qui étreindra, l'indéchiffrable absence ? - mais tu frissonnes... C'est le vide le vide qui se vend à l'aune entre les corps Aucun oiseau riche d'un vol ne nichera plus dans le…
Imagine que soit donné
Imagine que soit donné à qui pétrit l’opacité de se comprendre sourcier : la table, la chaux et l’écuelle le halo frêle sur le bois fêlé et jusqu’au jour cruel qui siffle sous la porte non moins que les rivages des îles s’abreuvent au suc du rêve c’est bien le rêve qu’à l’aube grise telle…
Elle passe
elle passe coiffée d’algue folle avec son ombre qui va l’amble la brûlure soudain au sommet de mon crâne ! sur le seuil étonné de mes lèvres une bulle garde le secret d’un cri elle passe miroitante à l’enjambée d’ibis et l’urne qui me contient se leste du plomb de l’instant immortel ce qu’elle emporte,…
N’effarouche pas
N’effarouche pas La joie qui sursaute au détour du chemin Tendresse, remonte les veines de ses bras Vers le martèlement - O millier d’étourneaux ! Tant est près le ciel que le sol penche Comme à la pinède son faisceau d'éclairs A ce coeur la sagesse de l'orage : L’ardente inexistence de demain Don't…
L’heure des arbres
Descendant Forty Acres Road au lever du soleil. Un coup d'oeil dans l'air encore crissant de givre vers les arbres de Pine Tree Avenue. L'arbre appartient à certaine lumière. Au bouleau toujours jeune, l'expansion (matin). Au tremble et au peuplier, la suspension (zénith). Au chêne, l'ambre charnelle de quatre heures avec son ombre qui bascule.…
Portrait en fil à plomb
Février file avec son ciel où s'abreuvent mes mots... Et je n'ai pas le temps. En guise de caillou blanc, ce poème écrit en février dernier. Lui un peu ivre (là-bas !) qui pousse contre le vent ses paumes décuplées… … voilà que février nous le rend les paupières brûlées et le sommet…
in passing
powdered pink and blue the single lightstroke of a flight - this morning's sign
Germe
* Dans l’anis vert du printemps cherchant la sève dont tes lèvres promettaient à jamais d’allaiter mon sourire j’ai trouvé le germe de novembre et je n’ai pas pleuré c’étaient la prime enfance de la pluie et l’os immaculé du bois feignant la mort le fin craquèlement de limbes roussis pour la faim de ramures…