Voici qu'en me baladant dans les notes qui trainent dans mon téléphone, je tombe sur des phrases jetées là comme des graines dans les sachets de papier où elles attendront le printemps et une pincée de terreau. Mais je doute du lendemain, et je doute de ma mémoire. J'ai désormais assez vécu pour savoir que…
De Tony à Frankie
Mystérieuse circulation des sensations dans et par les mots. Il y a Tony qui a dû évacuer sa maison de la vallée de Santa Clara à cause des incendies qui ravagent la Californie, et qui partage une image du ciel étouffé de fumées, entre les arbres et les cables électriques. Je lui écris de prendre…
Shodo 1 – portrait
Divagation après le premier cours de calligraphie (absence manifeste de talent, deux mains gauches). Le visage que renvoie l'écran, pris dans la masse, sourire et paupières fatigués et bouffis, dérangeants, étrangers, réduit-il au mensonge le visage qui m'advient quand j'écris, c'est-à-dire le visage que projette la tension d'écrire sur l'envers de ma face précis, fuselé…
Calligraphie
Tu es de ceux qui vivent en esclaves de la météo. Aujourd'hui le beau temps est entier. L'été à venir s'étire sur les toits et refoule d'un mouvement désormais irrésistible le frémissement de l'ombre vers le secret bleu des corniches. Pour toi, il n'existe que deux saisons : l'été, et son absence. Tu es de…
si l’on savait d’où le poème
si l'on savait d'où le poème par quelle lézarde dans la masse du rêve et de quel grain de quelle fibre et chair quel le volume quelle la forme à ériger en équilibre sur la cime des poumons ou pesant et roulant sur la langue timide tandis que bat le sang dans le taillis…
L’oreille et le nez
J'écoute une vieille chanson de Ben Howard. Cliché : il capte quelque chose d'extraordinaire dans l'ordinaire. Ce quelque chose m'importe pourtant, car je le poursuis, moi aussi, sans guitare et sans musique, et si je crois parfois le saisir, je déchante bien vite. Ses mélodies - celles d'avant - sont clairement parentes les unes des…
Avenirs
Tard de nouveau. Fatigue, mal au dos, courbatures. On galope dans les écoles secondaires du coin, d'open mornings en open evenings, d'executive headteacher en managing director of studies, de grandiloquentes présentations sur Powerpoint en statistiques de GCSE (brevet) et A-level (bac), tentant d'avaler un dîner ici et là, poussant des gosses ahuris ou un peu…
La plaie du ciel
Traces d'élans morts-nés. Ce blog va changer un peu pendant quelques temps. Puisque les choses insistent à disparaître aussitôt qu'elles apparaissent, je jetterai ici l'écume salie qui m'en reste. De ces élans, les mots auront l'imprécision, sinon l'éclat passager. N'y cherchez pas d'ordre, ni de sens. Je goûte peu les manquements à la syntaxe. Ils…
Des mots sur rien
D’une part, je ne peux plus écrire. D’autre part, ma pente misanthrope de jour en jour se fait plus vertigineuse. Ce n’est plus une pente, c’est une falaise, c’est un abrupt de misanthropie. Or je viens de penser que ces observations doivent être liées. Le penser n’en garantit pas la véracité, mais me frappe assez…
Naissances
"La magie du langage" et "l'imagination sans image" sont pour Joséphine Lanesem la double source de la littérature, entendue comme la pratique de la lecture et de l'écriture. L'une, musique ou "bruit" naturel des mots, fait sonner la paroi de l'âme et y éveille des ondes, mouvements et souffles innommés qui nous meuvent ici et…
Tempête
Il y a ce roman qui sommeille dans un coin depuis plus d'un an, que je ne me résous pas à abandonner sans parvenir à le reprendre. J'avais posté ici un début possible. Lire vos commentaires encourageants m'avait dissuadée de renoncer tout à fait. Il y avait un autre début, avant : le voici. Février…
Poetry, pomegranate and persimmon
Prévisible, voilà ce que je suis. Il a suffi d'un jour de lumière cristalline à la porte de février pour que des mots s'en viennent. Après des mois de silence, soudain quelques poèmes tambourinent au portillon, des poings et des pieds, dégringolant comme Bifur, Bofur, Bombur et Thorin sur le paillasson de Bilbo... mais de…
Swallowfield
J'ai décidé de poster ici ce début de roman qui ne convient pas. Façon de ne pas être tentée d'y revenir, tiraillée par quelques images que j'ai aimé écrire et auxquelles j'ai du mal à renoncer. Adieu petite tentative, tu trouveras peut-être ici quelques lecteurs. Saisi, Denis pose pied à terre à l’entrée du…
Ecrire (2)
J'ai un cours de grec à préparer pour cet après-midi. Je me retourne dans mes draps, j'attends le moment où l'énergie, qui rampe diffuse à ma périphérie, se rassemblera et me jettera hors du lit sans aucun effort de ma part. A quoi bon sommer ma volonté, qui toujours obtempère de si mauvaise grâce que…
Voie
De toi-même tu ne sais rien. A peine l’existence t’a-t-elle effleurée – trop peu pour que tu aies pu te mouler à sa forme. Au je que tu prononces, quelques voix font l’aumône d’un tu. Si d’aventure il te semble y percevoir plus qu’un écho de convention, la curiosité aussitôt te tourmente ; tu brûles…
Vous en reprendrez bien encore un peu ?
Compagnons d'écriture et amis lecteurs, Maintenant que les appétits sont apaisés et les esprits sustentés, j'ai l'honneur et la joie de déclarer gagnants de cet Agenda de rentrée consacré aux épices ... ... la série Hourvari au Cagibi de Martine l'Ecritur'bulente, et le Pique-nique en forêt de Carnets Paresseux ! Si vous ne les avez pas lus, précipitez-vous…
A table !

Pour inaugurer l'automne, saison dont la raison d'être est évidemment d'amasser de quoi réveillonner en beauté, je vous avais invités à épicer l'Agenda ironique. Or, comme nous sommes tous conviés ce jour à un festin concocté par la joyeuse bande des épices de Martine, voici les mets apportés par quelques aimables commensaux. Soyez sûrs de…
Jacksonville boy

A Steve Je traverse le champ. Le matin est beau. C’est à la mer que nous devons ce vent fantasque, cette lumière blanche et liquide, presque scintillante, et ces nuages qui caressent en hâte la flèche de la cathédrale. Une bruine imperceptible à la peau fait chanter le jardin. Quand elle tourne à la pluie,…
Pass the flavour ! (agenda ironique de septembre)

Suppléante au pied levé de Valentyne (malheureusement très prise ce mois-ci), je tente de me frayer un chemin entre les sujets que septembre impose à mon esprit auquel quelques années d'enseignement ont fait prendre un fâcheux pli : soucieuse d'éviter le tollé que ne manquerait pas de provoquer une invitation à raconter vos vacances en…
Saisons
La poésie est une activité saisonnière. Non pas en ce qu'elle serait attachée à une saison plus qu'à une autre, mais en ce qu'elle sert de canal à ce que chacune susurre en passant. Comme le jardinage, elle vacille en équilibre sur le dos du temps qui court, attentive à cette note dans le halètement…