Voici dressés entre le givre du ciel et celui des champs les arborescences noires du patient sommeil. Il semble que la vie, se retirant dans les profondeurs, ait pris soin de laisser sur la terre une marque, un repère, une cible vers laquelle elle orientera et rassemblera ses forces au sortir du repos. Prudence de la vie qui sait ne pas pouvoir compter sur la mémoire – non pas que la mémoire fasse défaut, mais elle ne se laisse pas si aisément commander – mémoire décide ce que mémoire donne. Ainsi surnagent, entre l’étouffement du ciel et la dormition des champs, ces idéogrammes tortueux comme la longévité, hésitant entre l’assaut des dards et le repli des noeuds, sentinelles mesurant leurs forces, dosant ce qu’il faut d’absence et de présence, de plein et de vide, pour s’assurer un avenir, de l’autre côté de l’hiver. Notes sur la portée d’une monodie qu’entendent ceux qui sont entrés dans le demi-sommeil, offrant leur coeur gourd à la nuit, ils proclament l’au-delà de la saison. Ce qu’ils défendent, contre l’aplanissement de l’heure et l’effilochement de la conscience, c’est le souvenir de la verticalité et de la densité. Ils sont la noire empreinte de l’espérance.

10 thoughts on “In the bleak midwinter

    1. Résurgences noires que la vie a pris soin de laisser sur la terre contre l’effilochement de la conscience, souvenir de la verticalité et de la densité, empreinte de l’espérance.
      Troublée que vous connaissiez -si bien- les lignes normandes.
      🙂

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      1. Merci Lyssamara. 😊 Née en Normandie, je n’ai pas retenu grand chose de cette région que nous avons quittée quand j’ai eu deux ans, jusqu’à ce que le hasard de la vie y installe ma soeur, dans une maison où il fait bon fêter Noël. Etes vous normande ?

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