A la fenêtre.
C’est une nuit que traverse une vallée.
Au-delà, le flanc des montagnes : nuit plus dense, et grosse, à la pointe de son encre, d’une germination.
Le jour.
A la fenêtre – livrée.
D’autres iront sur les sentiers conquérir le cousinage du ciel
par la croix de l’aigle appelés à jauger l’altitude de leur destin.
D’autres s’en vont – tu vois
poussant des épaules dans le vent
et leur force dérobe ton cri.
A la fenêtre, encore.
Or toi,
livrée de longtemps au désir immobile
étreinte et amoindrie
pétrie écartelée et suspendue
parcheminée entre les branches constellées
mais convaincue, insensée !
que personne comme toi n’entend
aujourd’hui ce que dit la lumière
la nuance en la nuée qui n’est de sang
qu’autant qu’aux joues d’Iris quand l’amour la surprit
sur la grève du matin (l’aimé ramenait le cheval de la nuit
et ne se sut, tout comme elle ne le sut, qu’alors aimé).
Brise.
Par la fenêtre l’amie te salue puis se détourne. Le jour l’appelle et, sur la cime facetée qui s’arrache au passé, la rencontre du levant. Elle va comme vont ceux que la mort n’effraie plus. Dans ses cheveux le soleil entrelace promesses et serments.
La volte de sa jupe, longtemps, fleurit la pierre du chemin.
“convaincue, insensée !
que personne comme toi n’entend
aujourd’hui ce que dit la lumière”.
Peut-être n’est-ce pas si insensé. Peut-être est-elle la seule à entendre vraiment, celle qui sait dire ce quelle entend !
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Peut-être, ou peut-être ne sait-elle pas le dire. Merci, Aldor, de ta lecture !
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Comme c’est beau. Et présent de cette présence entière du mystère. La dernière phrase m’a laissée longtemps dans les songes, comme disait E du temps (charmant) où il ne parlait pas bien le français.
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Poésie du français renouvelé par une bouche neuve ! Je ne crois pas que L. ait rien dit d’aussi joli. 🙂
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tu n’as vraiment pas besoin de fanfictionner Tolkien, la Terre du Milieu est là, en toile de fond 🙂
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Peut-être… Il se trouve que j’ai lu Le Seigneur des anneaux pour la première fois un été de la fin de l’enfance où nous étions dans les Alpes. Première montagne d’été pour moi. Je crois que mon amour de la montagne est filtré par la voix de Tolkien, bien que je n’y pense pas quand je vois la montagne en moi.
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De l’influence des lectures sur la vision des paysages….
mais de fait, ma remarque était tentante mais très réductrice ; tu as une voix qui n’appartient qu’à toi et qui n’est pas un simple écho de la Lothlorien.
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