Éteins ce chant
Trop intérieur et trop lointain
Éteins ce chant

Je ne peux plus
Entrer dans la nuit des cigales

Le temps déjà était né
Me semble-t-il
Tout juste
Et comptait sur ses doigts

Debout dans le vertige étoilé de la nuit
Des galaxies aux cils
– Sur mon âme la pluie des mondes
A mon genou l’herbe sèche –
J’offrais mon coeur au sillon de leur cri
Sans connaître la peine qu’y graverait
L’alarme de leurs ailes

La nuit avait trouvé son cœur
L’exil son incantation

Éteins ce chant
Pulsation terrestre des astres
Halètement de l’été en amour
Vibration du présent éternel et aboli

Fais taire cet appel qui me rend étrangère

Je ne peux plus
L’entendre qu’aussitôt ne saigne
Dans la chair ancienne de l’enfance
Le raisin sur sa treille
Vermillon de l’heure bleue

Et dans sa cage brise-vent
T’en souviens-tu
La flamme apprivoisée
Pure tendresse

L’heure sonne au clocher du promontoire
Les vagues convoquées secouent leur voile d’aube
Et la voix calcaire des collines
Appelle
Appelle

Comme l’amour dépossède

Eteins
Cet hymne du pays où ne mènera plus
Aucun des chemins à venir

 

Une lecture :

 

 

14 thoughts on “Cigales nocturnes

  1. Très émouvant, Frog, est-ce ta voix que l’on entend, qui correspond parfaitement au texte? Quand je lis un poème, parfois, j’imagine la voix qui pourrait le dire, ici c’est un enchantement.
    Nostalgie d’un retour impossible vers un pays, peut-être aussi vers l’enfance…

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    1. Merci Almanito ! Oui, j’ai voulu essayer de lire le poème, pour voir, avant de changer un ou deux vers. Je ne suis pas une bonne lectrice de poésie à voix haute, mais si cela te paraît sonner juste, je suis contente ! 🙂

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  2. très très beau poème, et ce titre déjà: cigales nocturnes… qui me parle tant moi qui suis en Provence et n’entends plus les cigales car elles sont trop présentes ou ne les entend que la nuit lorsqu’elles se taisent.

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    1. Merci Alain de votre lecture et de votre commentaire ! Je me dis cela, que si je vivais là bas, ce chant ne serait plus ce qu’il est pour moi maintenant. On ne console comme on peut.

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