Ce qui suit est une liste de considérations à laquelle il manque trop de choses. Il traine dans mon ordinateur depuis un moment et je ne crois pas que j’aurai dans les temps à venir l’occasion d’en faire quelque chose de correct. Je publie donc tel quel.

On m’interroge de temps en temps sur la foi. Cela m’étonne, non que l’on s’interroge, mais que les questions me soient adressées, à moi. Je suis une croyante difficile, comme on le dit d’un cheval, rétive, inconstante, paresseuse. Les gens qui m’interrogent ne le savent pas, mais Dieu le sait. Et les questions viennent malgré tout.

Elles portent, le plus souvent, sur ma conversion (question prévisible à laquelle, malgré mes efforts, je n’apporte jamais qu’une réponse crassement insuffisante et de plus en plus inadéquate), et, plus étrangement, sur la vie consacrée, particulièrement monastique. C’est drôle, parce qu’il se trouve que j’ai eu envie, il y a longtemps, de m’engager dans cette voie. Ce n’était qu’une pensée et aucune démarche concrète n’a été entreprise. Cependant, je ne la balaierais pas d’un revers de main et d’un commentaire précuit sur la jeunesse et sa soif d’absolu. Ce désir demeure en moi comme la promesse d’un baiser que les circonstances auraient retenu au seuil de sa réalisation. Je n’ai pas mis les pieds dans un monastère depuis très longtemps. Mais je sais que si la vie prend un vilain tournant, c’est dans un de ces hauts-lieux de prière que je penserai d’abord à venir chercher de quoi me relever, nouer ma ceinture et continuer. J’ai une grande tendresse pour les moines. J’ai étudié les règles de saint Basile avec bonheur et j’aurais continué à me pencher sur la vie des reclus, si les circonstances me l’avaient permis.

J’ai été une incroyante fanatique, ce qui revient à dire que j’ai été une croyante d’une autre sorte. Les vrais athées sont très rares, et à vrai dire je ne sais si j’en ai déjà rencontré. Il n’est pas donné à n’importe qui d’être athée : une telle supériorité d’esprit, ou un tel manque d’imagination et de sensibilité ne se rencontrent pas tous les jours. Tirer vraiment les conséquences de l’inexistence de Dieu, non, je ne l’ai pas encore vu faire. Moi, je n’étais qu’une païenne, rien que de très commun (cependant, ce que j’étais, je le suis en grande partie resté, je le suis encore. Est-ce un obstacle ? Bien sûr. Non pas dans le sens d’une barrière à franchir, mais plutôt comme une sorte de calcul rénal qui ne serait pas douloureux. Quelque chose en vous qui vous retient, vous gêne, vous rappelle à la matérialité, à l’épaisseur, à l’intrication, à une certaine forme de beauté, à la jouissance de cette beauté, d’une façon qui vous interdise de concevoir un au-delà, d’une façon qui vous limite. Considérer cet obstacle, trouver le moyen de le résoudre, se demander combien il faut mourir pour porter de fruit : tout cela constitue ma basse continue. Néanmoins, à une plus grande profondeur repose, étale et dense comme la pierre de l’autel, la certitude que contre cet obstacle je n’écraserai pas mon pauvre crâne, car voilà, Dieu prend tout). Cela pour dire que je sais à quel point il est difficile de se faire entendre d’un côté du fleuve à l’autre. Peut-être faut-il être exceptionnel pour être capable d’entendre un langage qui, fondamentalement, sape toutes vos fondations (dans un sens ou dans l’autre). Je ne l’étais pas, exceptionnelle. Je n’ai entendu quelque chose que lorsque je m’y suis trouvée forcée.

Parler de foi à quelqu’un qui ne croit pas revient à tenter de traduire (oui, dans le sens inverse aussi, et bien que j’aie consacré tous mes efforts à cela autrefois, tentant de convertir mon amie Jehanne à mon « athéisme », pardon, tentant de la libérer des chaînes de l’illusion, je n’ai, je crois, réussi à me faire entendre qu’une seule fois – je veux dire, à lui faire imaginer un monde sans Dieu). Du génie d’une langue à l’autre, beaucoup doit être sacrifié, et il est bon, lorsqu’on lit une œuvre traduite, de garder cela à l’esprit. Souvent, on me demande quelque chose d’impossible : de donner en traduction une restitution parfaite de l’original. Disons que les échanges de part et d’autre de la foi exacerbent de façon aiguë un problème inhérent à toute communication.

Ma vie n’a rien en commun avec celle des moines cloîtrés. Je pourrais, comme nombre de catholiques, me sentir embarrassée et ne pas savoir comment justifier – car c’est ce qu’on me demande – tant d’inutilité. On peut pardonner aux croyants qui s’activent dans l’humanitaire. Quant aux bien-portants qui s’enferment, s’encapuchonnent, mangent en silence et chantent à heures fixes, non seulement on ne les comprend pas, mais leur prétention à faire œuvre utile, au même titre que les personnes qui consacrent leur temps libre à la soupe populaire, suscite la colère. Cette incompréhension s’est exprimée au sein même de l’Eglise tout au long de son histoire, et c’est bien normal, les croyants sont des gens comme les autres. Mais je ne ressens aucun embarras. Etrangement, mon affinité avec la vie monastique prédate ma conversion. Autrement dit, elle est une forme de vie religieuse qui m’inspire instinctivement, sans que j’aie besoin de me forcer.

Commençons par enfoncer des portes ouvertes. Si Dieu n’existe pas, oui, bien sûr, cette prétention à faire œuvre utile en s’enfermant quelque part pour psalmodier de la poussière est un triste mensonge (un mensonge comme un autre. Nombre de ceux qui ne sont pas enfermés pourraient également s’interroger sur ce qu’ils apportent réellement à la société). Maintenant, il faut faire effort et se souvenir que le moine croit en Dieu. Si Dieu existe (je parlerai ici d’une conception chrétienne de Dieu), rien de plus logique et naturel que de placer à la première place la prière. Allons plus loin : ce n’est pas logique, c’est nécessaire. La destinée de l’homme n’est pas de faire ceci ou cela de son temps sur la terre, mais d’entrer dans une relation d’amour avec Dieu – à travers les autres, à travers soi, etc, mais enfin, avec Dieu. La prière n’est pas une activité comme une autre, même très plaisante, à inscrire quelque part dans son emploi du temps entre un rendez-vous et un cours de tennis, une BA saupoudrée sur le reste de la « vraie vie » pour le relever d’un peu de bonne conscience, voire pire (oui, il y a des gens qui pratiquent la religion comme une façon d’appartenir au bon club, mais sait-on jamais ce qui se passe dans les cœurs). Dieu n’est pas (un) accessoire. Il est à la fois l’alpha et l’omega et le centre. Le croyant sincère organise donc naturellement sa vie autour de Dieu. La raison pour laquelle cet Alpha-Centre-Omega se cache aussi bien alors qu’on aurait sacrément besoin d’un grand coup de main ? Nombre de réponses possibles peuvent être tentées dont aucune ne convaincra personne qui n’a encore jamais fait l’expérience de la foi.

La prière est ce vers quoi toute vie est appelée à tendre, et particulièrement toute vie humaine. Idéalement, enseigner, faire les courses, manger, faire l’amour, le ménage ou le reste, faire des enfants, ne pas en faire, devrait monter en prière. C’est pourquoi le choix des moines cloîtrés n’est d’ailleurs qu’une voie parmi d’autres. Une voie qui n’est pas supérieure aux autres, mais spécifique et nécessaire. L’Eglise a débattu la question bien des fois, mais semble avoir convenu qu’il n’est pas question que tout le monde aille prendre le voile ou la tonsure (smiley). Mais alors, pourquoi s’enfermer, se priver, quand d’autres voies sont possibles ? Prier, c’est par certains côtés plus facile si on n’est pas distrait et tiraillé par mille autres sollicitations. Dans la communauté, on est guidé. On ne risque pas d’oublier Dieu. Ainsi entend-on parfois dire à des moines qu’ils ont choisi cette voie parce qu’ils ne se sentaient pas la force de vivre en chrétiens dans le monde – le monachisme, paradoxale voie de la facilité ? Cela dit, on devine sans peine que le microcosme d’une petite communauté n’a rien à envier à la société du dehors en termes de distractions. Les cliques, les affinités, les inimitiés, tout cela mijote et fermente comme ailleurs dans un monastère. L’absence de distraction, qui devait être adjuvante, la monotonie des jours, peuvent se retourner et devenir des écueils ; les plus petites contrariétés doivent prendre de vilaines proportions. Mais tout de même : c’est plus facile, dans un monastère, de faire de sa vie une liturgie.  De plus, on ne choisit pas sa communauté au hasard, on en cherche une dont les caractéristiques et la spiritualité nous permettront de tirer le maximum de notre nature. Avec les frères et sœurs, même ceux qu’on n’aurait pas choisi de fréquenter dans la “vraie vie”, on poursuit un même but : être le cœur priant du monde, qui n’a pas toujours l’inclination ou le temps d’y songer. Si on croit en Dieu, on croit en une « efficacité » de la prière. Levain, on aide la pâte du monde à monter vers son accomplissement. Cette tâche essentielle justifie à mes yeux la vie monastique.

Il arrive qu’en visitant un monastère, on ressente de la colère. Quelque chose se révolte en nous devant l’absurdité de ce choix, devant ce que l’on perçoit comme des privations. Il arrive que ceux qui s’agacent admirent dans d’autres contextes le dépouillement, la frugalité, le fait d’être « en prise avec soi-même ». Dans ce cas, je ne sais pas ce qui les agace vraiment, au fond. Le sentiment du gâchis ? L’esprit de sacrifice ? Mais de nos jours, personne n’est forcé à prendre l’habit ni même ne le fait par défaut (la conseillère d’orientation ne trouve rien pour vous ? Qu’à cela ne tienne, vous pourrez toujours vous faire chartreux). Les gens qui entrent dans les ordres ont dû surmonter un grand nombre de réticences et ont considéré que leur vie produirait davantage de fruits ainsi. Le choix de la vie monastique dans notre société est à mon avis le fruit d’une grande indépendance. Peu de gens ont autant d’emprise personnelle sur la voie qu’ils ont choisie – ne soyons donc pas désolés pour ceux qui optent pour ce chemin. Cela ne remet pas en cause les autres choix de vie. Ou bien est-ce une expression extrême de la croyance religieuse qui irrite? On nous a appris que c’était une forme de demi-pensée pour les faibles, les grands-mères qui ont peur de mourir, les infantiles, les superstitieux, les pré-scientifiques, les nuls en maths, ceux que la grâce du Progrès n’a pas encore touchés (car il est bien connu que foi et science s’excluent !). La foi est acceptable « en privé », pratiquée honteusement (if you really must…). Et voici qu’elle ne s’excuse pas, ne se cache pas, ose s’afficher. Enfin, je ne sais pas, ce ne sont que des hypothèses.

Personnellement, à rebours du gâchis, je perçois dans la vie monastique une intensité de vie et de regard, une façon d’habiter le présent et l’espace qui ne laisse rien se perdre, tout en étant ouverte vers autre chose, de l’ordre d’une conscience poétique du monde : voir ce qui est, voir au-delà, voir au-delà dans ce qui est. Il me semble aussi que cette forme d’existence permet à certaines aptitudes de se développer, intellectuelles, spirituelles, mentales, ce qui en fait, quand bien même la prière ne servirait de rien, une expérience passionnante, et un fascinant objet d’étude anthropologique.

38 thoughts on “Monastères

  1. J’ai du respect et de l’admiration envers ceux qui agissent par amour, passion, croyance en n Dieu ou autre. Votre texte a le mérite d’être lu mais une phrase, une seule me gène:
    “Il n’est pas donné à n’importe qui d’être athée : une telle supériorité d’esprit, ou un tel manque d’imagination et de sensibilité ne se rencontrent pas tous les jours. ” Je suis athée et je n’ai pas l’impression de manquer de sensibilité ou d’imagination, encore moins d’être supérieur d’esprit…Ai-je mal interprété votre pensée?
    Bien à vous,

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    1. Bonsoir, Mains flâneuses ! Vous avez raison, ma formulation est un peu provocatrice. 😉 Je crois qu’il faut s’entendre sur l’athéisme. Je ne parle pas des agnostiques, qui ne se prononcent pas, mais bien des athées, qui affirment l’inexistence du divin et, partant, l’absurdité du monde entier. Pour moi, un “vrai” athée est quelqu’un qui se trouve dans la situation très difficile de devoir concilier le besoin, l’exigence de sens (à mon avis une composante fondamentale de la nature humaine, pétrie de langage), et la conception d’un monde absurde. C’est une impasse fondamentale. Tout en nous aspire au sens. Si le monde n’a aucun sens à offrir, alors nous vivons nécessairement dans une inadéquation essentielle qui ne peut que générer une souffrance aiguë et impossible à résoudre. Je parle d’imagination parce qu’à mon avis, il en faut beaucoup pour convoquer ce monde absurde que l’athéisme affirme. Il n’est pas dans notre nature de le concevoir. Et je parle de supériorité d’esprit parce qu’il faut un courage surhumain, si vraiment on croit le monde absurde, pour continuer d’y vivre. J’espère que ma réponse éclaire un peu ma façon de voir. 🙂

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      1. Mais pour moi qui suis athée la conception du monde n’est pas absurde! J’y trouve bien un sens différent du vôtre, tout simplement. Et si une certaine absurdité s’immisce entre nous les Hommes au quotidien, c’est tant mieux 🙂
        J’ai cru entendre que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, je crois que les croyances non plus. Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
        Beau week-end à vous Frog,

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    2. J’ajouterai qu’à mes yeux, la plupart des gens qui se disent athées sont simplement des gens qui ne se reconnaissent pas dans les religions existantes, mais cela ne les empêche pas d’être des croyants, croyant en un sens, croyant en un certain nombre de valeurs, etc.

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    3. Tiens, je viens de voir que je me contredis ! Dans mon texte, je parle de manque d’imagination, et non d’imagination. Je crois que je voulais dire que l’impossibilité de concevoir la transcendance relève d’un manque d’imagination ? Bref, j’aurais gagné à être plus claire, sur ce coup-là ! 😉

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  2. “Non, ma fille, nous ne sommes pas une entreprise de mortification ou des conservatoires de vertus, nous sommes des maisons de prière, la prière seule justifie notre existence, qui ne croit pas à la prière ne peut nous tenir que pour des imposteurs ou des parasites”.

    C’est très beau ce que tu écris, Frog.

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  3. Le problème et le paradoxe, c’est que tout être humain porte en lui une aspiration spirituelle mais quand cette aspiration trouve sa forme dans une religion instituée ou prend assez conscience d’elle-même pour bouleverser une existence, les gens l’appellent obscurantisme, voire fanatisme, et se méfient, alors qu’ils la tolèrent sous sa version de consommation immédiate et facile dans les superstitions, l’astrologie, les vœux, etc.
    C’est comme si cette aspiration ne devait surtout pas être prise au sérieux. Qu’elle devait rester sur stade du voeu devant l’étoile filante.
    Et tous ont cette aspiration, et rares peuvent la laisser sur sa faim. C’est pourquoi comme tu le dis les athées sont rares, bien que beaucoup se disent tels. Mais ont-ils réfléchi à ces questions ? Je ne le dis pas par condescendance. Le monde dans lequel nous vivons s’efforce d’éluder la question spirituelle.
    En te lisant, je me rends compte de mon propre cheminement. Mes parents sont incroyants et férocement anticléricaux. Pourtant j’ai été une croyante secrète et fervente toute mon enfance et j’ai comme toi rêvé aux reclus dans mon adolescence. Puis Dieu, si personnalisé, si présent, est parti, mais le monde est resté habité. Le sacré, je le pressens sans lui donner une forme, en la cherchant sans cesse. C’est une force et une faiblesse. Une force parce que la croyance est alors une pensée perpétuelle du monde, qui ne se fige dans aucun dogme, et une faiblesse car rien ne la soutient et elle trouve moins facilement des voies pour améliorer ce monde.

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    1. Tu analyses très bien, avec l’acuité habituelle de ton regard, cette aspiration spirituelle et le sort qu’on lui fait souvent. Et je te remercie de partager cet aperçu de ton propre cheminement : on sent dans ton écriture cette quête – cette inquiétude au sens propre – qui l’anime.

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  4. Et je découvre ce reproche d’inutilité faits aux reclus. Je n’y avais sincèrement jamais pensé. Qu’on leur reproche la contrainte infligée par le passé, le commerce douteux que fait fantasmer (et qui parfois est véritable) un tel huis clos, d’accord. Et même qu’on prenne comme une offense personnelle un tel refus de notre vie – car, dans le fond, c’est ça dont il est question, la vie des autres est souvent prise comme un jugement de la nôtre, combien de fois je dois justifier mes choix car il fragilise ceux des autres, et eux les miens, je ne le nie pas. Mais l’inutilité… Déjà ne pas faire de mal, c’est un grand bien.

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    1. Oui je crois que le reproche d’inutilité est un écran à d’autres malaises, et notamment à celui de se sentir jugé, que tu soulignes ici. Car que m’importe qu’untel soit inutile, du moment qu’il ne me demande pas de le nourrir ? Quant à moi je n’avais pas pensé au soupçon de commerce douteux ! 😅

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  5. Je m’attendais à une suite de considérations jetées sur le papier en commençant à lire ton article mais il n’en est rien. Bien au contraire, tu nous offres un sujet passionnant et intelligemment exposé. Je crois que la grande majorité des êtres humains à toujours recherché le Divin, que ce soit en Dieu, Allah, Bouddha … Quel que soit le nom qu’on lui donne. D’ailleurs, l’église catholique ne correspondant plus aux besoins de nos sociétés, les gens se tournent désormais vers une ” spiritualité ” ou l’on parle pêle-mêle du Divin en nous, des anges, des guides, et de la force bienfaisante de l’univers. D’aucuns s’y jette dans une quête effrénée, étant prêt à encenser le premier gourou venu. Et cette quête prouve à quel point, l’Homme a besoin de donner du sens à cette vie sur terre.
    J’ai été une adolescente très croyante, je côtoyais les curés et les cercles œcuméniques, je croyais en Dieu avec une grande ferveur. Et puis lors que j’avais 20 ans, mon petit frère s’est retrouvé paralysé. Je ne comprenais plus, pourquoi avait Il permis cela ? Je m’en suis détournée.
    Chose étonnante, j’ai retrouvé la foi à la mort de ce petit frère, parti trop tôt il y a deux ans.
    Aujourd’hui je vis cette foi de façon différente. J’aime les petites églises pour m’y recueillir, loin des fastes et des ors de la grande église catholique. C’est une relation entre moi et Dieu, en toute humilité, en toute simplicité et je comprends bien cette attirance pour la vie monastique que tu as évoqué. Merci !

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    1. Je te remercie d’avoir pris le temps de me lire et de partager tes pensées. Oui, l’homme a besoin de donner du sens à la vie, individuelle et collective. Je pense que ce besoin est inhérent à notre nature, parce que nous sommes des êtres de langage, et le langage ouvre une irréductible distance avec le monde, un espace où naît le questionnement, parce que le langage est une entreprise de “faire sens” (mon Dieu que je m’exprime mal). Merci de me raconter ton parcours, plutôt inverse du mien. C’est difficile de répondre quelque chose de pertinent, on voudrait juste dire : je t’ai lue et entendue. Quant à moi, je dois dire que j’aime l’Eglise, dans son sens mystique plus qu’en tant qu’institution (mais à mes yeux les deux sont liées), mais comme toi je préfère les petites églises et le silence. La relation à Dieu en toute humilité dont tu parles est au fondement, sans elle aucun des rites n’a de sens, et je me réjouis pour toi que tu l’aies retrouvée. Ma relation à Dieu est probablement moins sûre que la tienne, mais je crois que Dieu nous attend, bien plus humble encore que nous, d’une divine humilité.

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  6. Tu ne t’exprimes pas mal 😉 Mais il me semble que nous sommes bien plus que des êtres de langage … Nous sommes des êtres doués de pensée, des êtres de sensibilité qui d’ailleurs n’est pas toujours partagée avec les autres … Enfin c’est mon cas … J’ai parfois du mal à traduire en mots ce qui m’habite, cette conscience que chacun de nous faisons du mieux que nous pouvons, ce qui me donne une indéfinissable tendresse envers le genre humain. Et la présence de Dieu est pour moi là en fait, dans cet amour du plus vil et cruel des humains parce que je sais qu’il n’a pu faire autrement.

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    1. Oui, par langage, j’entendais également la pensée, les sentiments, toutes manifestations qui passent par le langage, par la représentation symbolique. Je t’envie cette tendresse envers chacun. Une amie chère emploie les mêmes mots que toi : chacun fait comme il peut. Je me le répète souvent, maintenant, pour tenter éviter le piège de la colère ou du jugement trop rapide. Je suis d’accord avec toi : dans cet amour que tu décris, Dieu se trouve.

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  7. Je n’aurais jamais pensé qu’on reprochait aux moines ou aux nonnes d’être “inutiles” – ça me semble bizarre. A mes yeux, être moine n’est pas plus inutile que n’importe quelle autre vocation, et pourtant je ne suis pas très croyante, voire pas du tout. D’autant plus que les moines travaillent généralement comme tout le monde pour subvenir aux besoins de leur confrérie …

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    1. C’est très juste. Disons que leur activité prenant place à l’écart, on a pu leur reprocher de ne pas participer, de ne pas jouer le jeu, de tirer au flanc en quelque sorte. Mais ce n’est qu’un des reproches que la vie monastique s’est attiré. Merci de votre lecture, Marie-Anne !

  8. Coucou! Je prends seulement le temps de lire ton article. Je te suis infiniment reconnaissante pour tout ce que tu dis. C’est passionnant et cela vient raisonner très fort autour de mes questions. Il y a beaucoup de choses que je voudrais dire après t’avoir lue, mais comme toi, il faudrait que je prenne le temps d’écrire un peu. Je te ferai un mail quand j’aurai un petit répit. Merci pour cet article, du fond de mon cœur d’incroyante qui croit pourtant en l’amour et au sacré, à la beauté, à la vie intérieure et à tout que tu évoques, sauf Dieu. ❤

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    1. Merci de ton passage ! Il y a beaucoup d’autres choses que j’aurais dû écrire, mais bon… Si tu crois à l’amour et au sacré, c’est que tu crois qu’il y a du divin. Pas sous la forme personnelle d’un dieu, mais du divin.

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      1. Je dois mettre de l’ordre dans mes pensées. Et peut-être t’écrire nouveau à propos du Carmel et ses religieuses. D’abord, oui, il y a une forme d’attirance, d’admiration pour ce mode de vie. Mais Leur affirmation d’être utiles au monde m’avait profondément interrogée: forcément. Cela dépend de la façon on considère la prière, et donc, l’existence Ou non, de Dieu…

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        1. Tu sais, je viens de me racheter Le Dialogue des Carmélites de Bernanos. Il m’avait bcp marquée et a certainement joué un rôle dans ma conversion. Je ne peux que te recommander sa lecture, si tu ne l’as pas lu. Cette pièce répondra mille fois mieux que je ne saurais le faire. Et d’ailleurs au lieu d’écrire ce post, j’aurais mieux d’en copier des extraits. Mais je n’avais pas le livre…

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          1. Je vais le lire… Merci pour la référence et le temps pris pour répondre à mes questions. J’avoue que je suis si épuisée que penser me semble un effort surhumain en ce moment. Lire et écrire sont aussi réduit à des objectifs merveilleux mais inatteignables. La fatigue me rend stupide et un peu aveugle au monde… Je t’embrasse en attendant de pouvoir t’écrire quelque chose d’intelligible sur le sujet qui nous occupe.

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            1. Ma pauvre, j’imagine combien tu dois être épuisée, je suis assez crevée moi-même alors que je ne fais pas le quart de la moitié de ce que tu fais ! Je n’écris pas non plus, d’autres choses font obstacle. Mais essayons de ne pas nous culpabiliser (ce que les filles sont bonnes pour ça !). Je te souhaite bon courage !

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