J’ai décidé de poster ici ce début de roman qui ne convient pas. Façon de ne pas être tentée d’y revenir, tiraillée par quelques images que j’ai aimé écrire et auxquelles j’ai du mal à renoncer. Adieu petite tentative, tu trouveras peut-être ici quelques lecteurs.  


 

Saisi, Denis pose pied à terre à l’entrée du chemin creux. Ses cuissardes imperméables, qui entravent le pédalage, vont s’avérer bien utiles. Au milieu des décombres laissés par la tempête qui a fait rage la nuit dernière apparaît un tableau extraordinaire. Depuis la route jusqu’au virage qui le dérobe au regard, le chemin qui mène à Swallowfield est inondé, tendu d’une pellicule d’azur montée des fondrières, où ne surnage qu’un îlot coiffé d’un caillou rond. Pas un souffle ne ride cette soie qu’une jonchée de branches découpe en éclats de miroir. Des profondeurs du ciel ainsi réfléchi émane un surprenant rayonnement d’or bleu qui tire du paysage une surnature de vitrail, troncs d’argent, fougères vermeilles. Depuis vingt ans qu’il parcourt les routes du pays, Denis a déjà eu son lot de matins brisés de beauté et de lendemains de tempête, mais n’a encore rien vu d’aussi étrange que ce ciel renversé tout entier entre les troncs nus, où se dessinent avec une netteté de gravure le plumetis des nuages et jusqu’à l’encre éphémère d’un vol de corneilles. Alentour, les marronniers et les frênes encore glabres, ou débourrant à peine, lèvent des bras étonnés. Un vertige le prend devant ce firmament rendu accessible, sur lequel il suffirait de s’incliner pour, par exemple, ne plus avoir besoin de se souvenir, ni même d’oublier. Cependant, la route est encore longue, le temps presse, alors il pousse sa bicyclette à travers ciel, lentement, et les ondes crêtées d’or qui s’écartent de sa proue font battre son cœur comme un passage d’oies sauvages.

Le chemin qui mène à Swallowfield lui réserve souvent des surprises : le bec rose et le masque cramoisi d’un chardonneret dans les aubépines, un écureuil roux qu’il doute encore d’avoir vraiment aperçu si loin des sanctuaires du nord où son espèce s’est réfugiée, un faon et sa mère furtifs entre les troncs, la dernière étoile en équilibre à la pointe d’un sapin. Rien toutefois d’aussi surprenant que cette coulée d’azur qui ce matin le paie de l’effort, non négligeable à son âge, de faire sa distribution à vélo en cuissardes de caoutchouc.

Swallowfield est sur la gauche, après un chemin se faufilant sous les ailes lasses de marronniers. Il éprouve toujours une émotion à s’approcher de cette maison, un saisissement mêlé au parfum entêtant, réel ou remémoré suivant la saison, du chèvrefeuille qu’il est inévitable de brosser au passage. Dans un muret de pierres s’ouvre un portail bas dont le loquet chante, mais c’est, juste après lui, une arche taillée dans l’embrassement de deux ifs centenaires qui marque le véritable seuil. Depuis qu’Edwin Alastair est parti, cette ouverture n’est plus aussi régulièrement maintenue, et Denis doit chaque année se courber un peu plus pour pénétrer dans le jardin. Il reste à remonter la petite allée flanquée d’ifs taillés en ogive pour atteindre le porche.

On ne sait trop ce qui, dans la vieille maison de brique rouge, vous ravit si vivement, si entièrement. En son cœur, elle date du seizième siècle, mais n’est pas la seule à se prévaloir de cette ancienneté par ici, ni d’ailleurs d’un beau jardin et d’une vue à couper le souffle sur les collines, derrière la maison. S’il fallait détailler les éléments remarquables de son aspect, on trouverait peu de sujets d’émerveillement qui ne soient simplement l’œuvre du temps. Ses cheminées manquent de finesse, sa façade sur laquelle s’alanguit le long appentis d’un toit envahissant n’est belle que par l’harmonieuse irrégularité des vieilles choses et, considéré par le menu, rien ne mérite d’admiration particulière. En apparence, Swallowfield ne représente donc pas de compétition pour les manoirs voisins, ni même pour les maisons plus récentes ou rénovées que s’arrachent à prix d’or les banquiers de Londres désireux d’enraciner leur argent volatile, mirages de pierre dorée et d’élégance parfaite. Et cependant, aucune de ces demeures, aucun des merveilleux jardins qui les accompagnent ne donne comme ceux-ci la sensation d’être accueilli en vieil ami, cette sorte de joie grave d’être le confident à qui l’on dévoile sans façon le secret d’une intimité où, tout compte fait, le bonheur l’emporte. Il n’y a qu’à voir la manière dont les ifs contournés, les chênes toujours un peu crânes et enclins à faire sentir leur emprise noueuse, les trembles chuchotant, les charmes sereins et larges comme des bras ouverts, les frondaisons mêlées des marronniers et des tilleuls, forment l’appui contre lequel ose déborder, avec une confiance heureuse, un échevèlement de buissons et de fleurs échappés des parterres, somptueux et innocent fouillis qui donne envie d’être oiseau, d’être chien, pour pouvoir s’y rouler et se relever trempé, couvert d’empreintes végétales comme un herbier ivre. Et au milieu de tout cela, sur la maison ceinte de clématite et de glycine, la chaleur rousse des briques et des tuiles, les nuances brunes des bardeaux, les poutres ployant et le vieux porche que défend le lierre, tout salue le visiteur dans le mouvement ininterrompu d’une allégresse tranquille – et l’on se tient le nez levé, plein d’odeurs de terre et d’haleines de fleurs, vivant comme en ce nœud du temps où la vieillesse embrasse l’enfance. Et puis on sonne, et si c’est Irène Alastair qui ouvre, ni la rondeur de sa jupe, ni le sourire de ses yeux bruns n’étonnent : tout les annonçait.

Ce nom de Champ des hirondelles, considérant l’abord touffu et presque sylvestre de la maison, Denis l’a d’abord trouvé incongru. Bien moins logique en tout cas que celui des maisons voisines, d’anciennes dépendances appelées Yew Tree Cottage et Beechbrook. Cependant, lorsqu’après quelques mois de service dans la région, Irène Alastair l’a invité à faire le tour du jardin, il a compris. Quittant le couvert des arbres, il avait suivi la tache claire de sa jupe à travers le carré de pelouse destiné aux parties de croquet et débouché dans le pré adjacent. Or c’était par saison d’herbe haute et de soleil, quand l’air est comme du miel ; dans le pré se levait un orme solitaire, et autour de ce précieux survivant de la graphiose, presque anachronique, des hirondelles par dizaines tricotaient une cote de lumière. Cet espace, ce mouvement, cette joyeuse surprise, le cœur ne les recevait avec autant d’émerveillement que parce qu’il avait fallu passer par le filtre dense des feuillages, se laver dans leur pâte ombreuse des scories et des soucis. Aussi Swallowfield est-il un nom qui ne prend sens qu’au prix d’un peu de foi.

L’appartenance réciproque de la maison et d’Irène Alastair, cette sympathie entre possession et possédant, n’était peut-être pas aussi évidente quand il a pris son service dans la région, il y a une vingtaine d’années. D’abord, il la rencontrait assez rarement, bien qu’elle travaillât le plus souvent de chez elle. Irène était d’ailleurs une femme bien différente, plus anguleuse d’aspect et d’approche, pressée, distante, et probablement était-il lui aussi moins attentif, pris comme on l’est en approchant la quarantaine dans les gueules insatiables du quotidien. Cependant, un jour qu’il gelait à pierre fendre, Irène descendit de son bureau à l’étage pour lui offrir de se réchauffer d’une tasse de thé. Elle avait l’air fatigué, et le regarda comme si elle le voyait pour la première fois. Ce geste d’amitié se renouvela de temps à autre, les jours de mauvaise pluie ou au contraire, de grand beau temps, quand on ne pouvait qu’avoir envie de donner son visage à lisser aux rayons du soleil. Ils restaient alors quelques minutes à regarder les hirondelles fuser sur l’étang et longtemps après son départ, Denis trouvait dans sa mémoire, comme un marque-page oublié entre deux pensées, la silhouette du jeune hêtre pourpre du fond du jardin. Bien qu’il sût qu’Irène était française et ne pouvait pas avoir vécu toute sa vie à Swallowfield, il fut étonné d’apprendre du vicaire que la maison appartenait depuis cinq génération à la famille de son mari. Sa surprise s’expliquait parce qu’il suffisait de croiser Edwin Alastair pour constater qu’il n’avait d’yeux ni pour la maison, ni pour le jardin, ni d’ailleurs pour rien de ce qui l’entourait, héritage familial ou pas. C’était un homme plus distant encore que sa femme, impatient, l’air de ne juger digne de son attention que quelque projet grandiose réservé à ses élus par l’avenir, ce pays où ne peuvent demeurer que les nantis. Ce fut pour Denis une occasion de réapprendre, encore une fois, à ne pas attribuer à autrui ses propres inclinations : l’enchantement de Swallowfield n’interdisait donc pas qu’on pût s’y habituer au point de ne plus le voir.

Aujourd’hui, hélas, le spectacle est plutôt lamentable. Ici comme dans toute la région, la tempête a réclamé son dû. Par chance, on n’est qu’en mars, la plupart des herbacées percent à peine ou dorment encore à l’abri de la terre, mais les dégâts sont bien là. On dirait qu’un paysagiste en transe a redessiné les parterres, renversant les plantes aux racines superficielles, fichant entre les jonquilles et les tulipes décapitées les monolithes de tuiles chipées sur le toit, culbutant et roulant les pots qui n’avaient pas pu être remisés, brouillant les couleurs, hybridant les espèces à grands renforts de pétales et de feuilles arrachés aux unes et jetés sur les autres. Et puis, lassé, sentant l’inspiration céder le terrain à un remords superficiel, il a hâtivement uniformisé le tout d’une bonne couche de débris, comme on saupoudre de chocolat un gâteau raté. Nul doute que, de l’autre côté de la maison où les champs ouverts auront donné toute liberté au vent, des arbres seront tombés. Irène Alastair sera malheureuse, et cette pensée tourmente Denis, plus qu’il ne faudrait. Force est de constater qu’une relation, même faite de lieux communs échangés sur le pas de la porte, si elle s’étale sur plus de vingt ans, finit par recevoir une épaisseur, une vibration propre qui ne sont pas aussi éloignées qu’on pourrait le croire de celles d’amitiés officielles, nourries de longues discussions et de secrets partagés. C’est du moins l’impression de Denis, et il y croit alors même qu’il se sait incapable de tisser de ces amitiés bavardes et, par conséquent, mal placé pour se prononcer sur leur qualité. Les petits matins sur les routes de campagne et les salutations depuis le portail suffisent à épuiser sa capacité à entrer en relation. D’ailleurs, le laconisme est de famille : son père était la définition même du taiseux et son fils n’exige de lui qu’un rapide coup de téléphone bimensuel où, plus que des nouvelles, qui du côté de Denis n’ont rien de bien nouveau, ils échangent des silences souriants entre deux phrases, une manière d’affectueuse ponctuation. Aussi, dans ce qu’il partage avec Irène Alastair et qu’un œil extérieur jugerait bien maigre, tient déjà pour lui la plénitude de l’amitié.

Cette nuit, à vrai dire, tandis que le vent hurlait, il n’avait qu’elle en tête. Il connaît sa terreur des orages. Depuis quelques jours, déjà, devançant l’angoisse qu’amèneraient les alertes météorologiques, il a cru bon de lui rappeler combien les journalistes, cette engeance sensationnaliste, avaient inutilement alarmé la population lors de la dernière tempête : en fin de compte, seuls étaient tombés victimes quelques arbres déjà marqués à l’abattage par les forestiers. Elle a souri de ses efforts et balayé d’un hochement de tête les bulletins météo, les déclarant moins fiables que son baromètre interne. Il ne devait pas s’inquiéter. Elle était assez âgée pour gérer ses peurs. S’inquiéter, certes non : ce n’est pas le doute ni l’anxiété qui vous prennent à savoir un ami en difficulté, mais une forme de tristesse, lancinante comme l’appel d’une corne de brume.

Pourtant, personne ne répond à ses coups de sonnette répétés, et c’est bien l’inquiétude qui point. La maison elle-même semble faire le gros dos, ramassée dans la crainte, comme si elle se méfiait de ce soleil astiqué de frais, témoin de bonne moralité d’un ciel oublieux de ses crimes. Sur la façade, la clématite et la glycine ont souffert, mais le lierre, dont Irène se plaint souvent, qu’elle accuse de la narguer et de la faire courir sans relâche, le lierre qu’elle n’aurait peut-être pas été fâchée de voir secouer un peu, est miraculeusement intact. Denis décide de faire le tour, constate que les volets intérieurs sont encore fermés, mais que la porte donnant sur la cuisine n’est pas verrouillée – peut-être à son intention.

Dans la pénombre de la salle à manger lambrissée, il n’y a de vivant que quelques palmes exotiques patientant aux meneaux des fenêtres. Personne dans le salon non plus, des couvertures écossaises empilées sur le canapé, des vases de fleurs séchées, devant la cheminée une botte de cardères entoilée par les araignées. En ce début de mars, l’intérieur de la maison, que les boiseries de chêne assombrissent même par beau temps, s’accroche fermement aux basques de l’hiver. Sauf au plus chaud de l’été où les vieux murs dispensent une fraîcheur bienvenue, il y fait toujours trop froid, surtout depuis qu’Edwin Alastair est parti et qu’il est devenu difficilement justifiable de chauffer toute la maison pour une personne seule. Denis enclenche un interrupteur – pas d’électricité – la situation justifie une intrusion à l’étage. Sur le palier, il finit par entendre un filet de voix échappé d’une béance obscure au fond du couloir : tout va bien, qu’il ne se mette pas en retard.

Derrière la porte entrouverte, la chambre est plongée dans l’ombre. Les volets intérieurs sont clos. Irène Alastair est debout à côté de son lit, toute droite sous sa couronne de tresses, les bras noués sur les pans d’une robe de chambre trop grande. Pâle à en être bleue, de froid ou d’inquiétude, les traits tirés. Sur le lit au carré, les draps à ramages où pas un pli ne s’aventure dénoncent, plus que l’insomnie, le souci d’effacer les traces d’une lutte. Pourtant, même dans cette grisaille où le petit matin semble remuer les cendres d’un lointain passé, le visage d’Irène conserve son éclat lunaire, un rayonnement qui paraît venir de sous la peau et que l’âge, étrangement, attise peu à peu. Et Denis s’étonne, maintenant qu’il se trouve dans cette chambre dont il a quelquefois rêvé, de ne pas s’y sentir importun, d’oser même jeter un regard sur les fauteuils de tapisserie jaune, la coiffeuse ouvragée, l’armoire en merisier qu’il suppose venue de France après le mariage et qu’il imagine pleine du trousseau d’une jeune femme de la Belle Epoque, pile de dentelle jaunie sur des étagères garnies de lavande. C’est peut-être que cette chambre ne révèle rien d’intime – un air de décor –, soit parce qu’on ne peut s’y représenter l’abandon du sommeil, surtout dans ces draps tendus comme un piège, soit parce qu’Irène se tient raide sous le plafonnier comme si elle n’avait pas bougé de toute la nuit, ou enfin, parce qu’y manque Edwin Alastair, qui y est né, à ce qu’on raconte. Et il semble à Denis qu’Irène aussi finira par se vider de qui lui reste de chaleur et se pétrifier, s’il ne l’arrache pas d’ici.

32 thoughts on “Swallowfield

  1. A qui ne convient-il pas? Pourquoi?
    Je suis envoûtée par le charme de ce texte, par les images et cette ambiance forte qui fait attendre la suite avec impatience. C’est le genre de livre que j’emporte dans ma chambre pour lire à mon aise avec même pas un vague sentiment de culpabilité de laisser tomber tout le reste.
    Donc la suiiiite !

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        1. difficile ? j’apprends que tu as le début (étincelant), la suite (dont tu dis qu’elle raconte ce que tu veux qu’elle dise) ; donc, ne te soucie vraiment que la jointure entre les deux : une page blanche intercalaire et le tour est joué, non ?
          🙂

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    1. Merci Alma ! 🙂 C’est à la suite du roman que ce début ne convient pas. Disons que j’ai avancé et que je bute sur une impasse. Je n’abandonne pas l’idée de ce roman, mais je dois trouver une autre “entrée”. Ce que tu dis me donne courage, merci beaucoup !

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                1. Je ne vais pas y arriver. Mais peut-être cette page pourra-t-elle apparaître plus tard dans le texte. Merci encore de ton intérêt et tes encouragements !

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  2. C’est magnifique. Je ne sais pas pourquoi tu n’as pu poursuivre mais ce début est éclatant, n’en doute pas ; et j’espère que, comme sur le facteur sur cette route d’après la tempête, le roman mettra ses cuissardes et arrivera à se dégager de son ornière. La description du ciel sur les eaux, du tressage de la lumière par les hirondelles, de la tristesse pour un ami qui sonne comme une corne de brume, de la chambre au lit impeccable et linge défraîchi… Magnifique vraiment. Qu’est-ce qui ne vient pas ? Leur rencontre ?

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    1. Merci Joséphine ! ❤ Je suis heureuse que les images te parlent ! Mon problème est du côté de la narration, tu l'auras deviné, et de l'amorce de l'élément perturbateur. Dans l'autre version de ce début, il n'y a pas de facteur, on commence directement avec Irène terrorisée après la tempête. J'ai voulu tenter de commencer avec le facteur pour l'effet cinématographique du zoom sur la maison, mais je ne sais plus comment ensuite basculer sur l'intrigue principale (où le facteur ne joue aucun rôle). Enfin je finirai par trouver les fils… Cela m’aide beaucoup d’avoir ton retour ! Je crains qu’on ne me dise que tout cela est esthétisant mais ne mène nulle part.

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      1. Je comprends. Une question de rythme et de cadrage. Après une si grandiose exposition, qui embrasse largement la scène tout en la faisant culminer dans la rencontre, comment entrer dans le vif du sujet, passer de la description à l’action et ne pas non plus tomber à plat après un tel envol. Je conseillerais (seulement parce que c’est ce que je ferais) de te laisser porter. Ce facteur qui prend de l’importance, c’est très intéressant. Il pourrait continuer à en prendre. Tout en gardant cette impersonnalité qui lui donne une puissance. Comme s’il était chacun de nous et surtout nous le lecteur, qui s’introduit chez les personnages. L’intrigue viendra, même si ce n’est pas celle que tu as prévu. L’intrigue n’est jamais celle que j’ai prévue. Elle est heureusement bien plus intéressante que ce que je peux prévoir.
        Si l’élément perturbateur ne te vient pas, continue dans cet élan descriptif, épuise-le. Et puis si tu ne sais pas comment l’arrêter, n’hésite pas à couper net. Tu parlais de cinéma (et ce mouvement de travelling vers et dans la maison est merveilleusement exécuté), tu peux aussi couper, faire du montage, prendre soudain la scène tout autrement ou passer à une autre tout autre part. Etc.

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        1. “Comment ne pas tomber à plat” : c’est exactement cela, et pour le cadrage et le rythme, tu as tout compris. J’ai déjà l’élément perturbateur, et une idée de l’arc du roman, mais peut-être faudra-t-il les laisser évoluer, voire les abandonner, en effet, même si je n’y suis pas encore prête.

          Ton conseil d’épuiser l’élan descriptif est vraiment excellent, je n’aurais pas eu la liberté d’y songer, je veux dire, pas assez d’indépendance d’esprit pour envisager cette voie-là.

          Oui, Denis rappelle François (et je crois que j’aurai toujours un François dans mes tentatives de roman, je ne sais pas faire autrement, et je crois que je suis moi-même assez François dans la vie). Mais contrairement à François, Denis n’était pas prévu. Il y a un personnage que je croyais important et que je devrai remiser cette fois, c’est Gillian, tu sais, la dame aux mauvaises herbes. 😉

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      2. Je ne veux pas paraître présomptueuse avec mes conseils. C’est que j’ai perdu moi-même beaucoup de temps à vouloir faire coïncider mon livre avec une idée de ce qu’il devait être et qui, au final, n’était même pas une bonne idée.

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        1. Présomptueuse, mais pas du tout ! Tes conseils me sont utiles et je suis reconnaissante de les recevoir. Dans ton paragraphe d’en haut, tu m’ouvres les yeux sur plusieurs points importants. Mais maintenant je suis un peu confuse : j’avais prévu d’abandonner cette ouverture ! Smiley transpirant.

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          1. C’est toujours moins fatiguant que de tout recommencer depuis le début ! Et au sujet de l’intrigue, je ne dis pas de renoncer à tout ce qui est prévu mais d’accepter ce qui s’en écarte. Les laisser évoluer comme tu dis, sans les abandonner.

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  3. Je suis venue, j’ai lu, j’ai …aimu!
    C’est une très belle exposition qui donne envie de s’enfoncer dans un fauteuil très moelleux et très profond, sans d’autre bruit autour de soi que le vent d’automne dehors. L’atmosphère m’enveloppe complètement! Cette Irène debout dans sa chambre, droite de terreur, et Denis le taiseux qui la trouve, c’est super!… En tant que lectrice, cela ne me dérangerait pas que la scène soit coupée net, qu’une ellipse ait lieu et que l’on retrouve Irène à la page suivante dans un autre épisode. Denis pourrait avoir ensuite un rôle seulement dans ses pensées? Et alors cet rencontre dans chambre pourrait être ré-explorée selon l’autre point de vue, plus longuement, et plus tard….
    (Il y a un roman que j’ai lu qui s’appelle le Le ¨Postier, une femme d’un certain âge mais encore très belle, insomniaque, rêve au postier pendant ses courtes siestes au jardin…)

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    1. Merci Clémentine ! Bon, vous m’avez convaincue de faire un sort à cette ouverture. Elle ne sera pas l’incipit, mais servira d’ouverture secondaire. Je postais honnêtement ce passage ici juste pour ne plus y revenir, en me disant qu’au moins qqs personnes l’auraient lu, et voilà ! Merci pour tes suggestions, je les garde en tête. L’idée de laisser Denis poursuivre sa route dans les pensées d’Irène est très bonne. Ou bien il pourra réapparaître plus tard, surprise surprise. Je vais finir par imiter Carnets qui écrit parfois à partir des suggestions de ses lecteurs ! 😀

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  4. Chère Frog, si vous doutez de ce début de roman, de la suite à donner, de votre pensée erratique, des personnages même, de leur crédibilité dans l’intrigue et que sais-je encore, il y a un doute définitivement à écarter : celui de ne pas être écrivain, écrivaine, auteur, auteure, autrice, poète, poétesse et que sais-je encore ? Je le dis depuis que je vous connais (oh, la présomptueuse !), vous faites corps avec les mots. Il y a dans votre plume (ou souris) un rythme émouvant qui porte, une poésie de firmament, une lumière d’images et ce qu’on appelle en un mot comme en cent : un style. Alors, au fond, peu importe la suite, peu importe qu’elle prenne le nom de roman ou même de nouvelle (car elle pourrait l’être, courte, brève, dense, concise). L’écriture est là : elle captive, elle est. Et je vous l’assure : il y a des lecteurs qui vous suivront. Faites donc paraitre ici, là : nous, les lecteurs de votre blog, nous vous lirons. Nos commentaires vous porteront. Il se trouvera sur votre route des directions insoupçonnées, qui ne correspondront pas nécessairement à ce que vous en attendrez. C’est la surprise de la vie, la surprise de la peinture, de l’écriture, de la danse. Parfois, c’est assez magique.

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    1. Chère Anne, j’ai lu ton commentaire ce matin au réveil, et il a illuminé ma journée. Je ne peux que te dire merci, une fois de plus, de ton soutien, et te dire qu’il compte beaucoup pour moi. C’est un vrai cadeau, que de pouvoir rencontrer par la grâce d’internet des gens qui entendent ce qu’on essaie de dire sans savoir si nos mots rencontreront une oreille non pas seulement bienveillante, mais accordée à la fréquence de notre voix. Tes commentaires m’aident vraiment à garder foi en l’existence d’un sens dans ce besoin d’écrire. Tu as raison, on ne sait pas ce que sera le chemin, il faut pratiquer son art / artisanat avec patience et reconnaissance.

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  5. C’est tout à fait ça : avoir la certitude qu’un chemin nous est montré, qu’une voix peut s’exprimer sans honte, sans crainte, sans préjugé. Et peut-être sans attente hormis celle de vouloir dire, et de réaliser ce qui compte pour soi, un rêve, un désir, un besoin, personnel, urgent, nécessaire et authentique. Chère Frog, continuez, continue, car si tu ne le fais pas, il manquera quelque chose à la surface de la terre et cette vibration-là fait partie du meilleur de l’humain.

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