Voici janvier le merle est fou
Ayant trop tôt saigné l’épine
De toute braise nourricière
Voici janvier au ventre creux

Et sous le gui la grive songe
Parfait blason du peuplier
Dans sa livrée de solitude
L’hiver suffit à la beauté

Mais la terre appelle le ciel
A grands signes de branches noires
Et il s’en vient, de loin, perclus

D’épaves et d’espoirs. Et nous
Fouillant le limon de ses rêves
Guettons l’orient des migrations

 

 

 

16 thoughts on “Voici Janvier

  1. je plussoie Clémentine et Esther, et j’ajoute que les phrases claquent avec une évidence magique, un peu comme celles des comptines populaires, polies et affinées par des siècles d’usage.
    Et puis, paresseux, je joue à ne lire que les moitiés de strophes, et ça sonne toujours :

    “Voici janvier le merle est fou
    Ayant trop tôt saigné l’épine

    Et sous le gui la grive songe
    Parfait blason du peuplier

    Mais la terre appelle le ciel
    A grands signes de branches noires

    D’épaves et d’espoirs. Et nous
    Fouillant le limon de ses rêves.”

    voire, juste les amorces :

    “Voici janvier le merle est fou
    Et sous le gui la grive songe
    Mais la terre appelle le ciel
    D’épaves et d’espoirs. Et nous”.

    et le miracle résonne encore !

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    1. Ah, merci Carnets ! 😀 Dis donc, je ne pense jamais à faire ce genre d’expérience, c’est drôlement amusant et étonnamment instructif ! On pourrait dire aussi qu’alors, il y a bien du surplus dans ce poème, haha ! Pourtant j’ai eu du mal à faire tenir ma tendance bavarde dans les 14 vers. 🙂
      Ton compliment me fait très plaisir. Merci !

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      1. Je fais ça souvent avec mes propres textes, parce que je doute toujours du bon ordre et de l’importance de mes phrases 😦
        Mais c’est plutôt un test pour pièce détachée, au bout du compte c’est l’ensemble qui compte, et là, tes 14 vers sont indispensables et indissociables 🙂
        Si on jouait à réunir les 2e, 3e ou 4e vers, ça donnerait des choses étonnantes aussi

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        1. Ah oui ! En trichant un peu (3èmes vers et 2ème), j’aime celui-ci :
          De toute braise nourricière
          Dans sa livrée de solitude
          Il s’en vient de loin, perclus,
          Fouillant le limon de ses rêves.

          Oui, c’est étonnant comme la pensée (la mienne en tout cas), ne chemine pas de manière logique, et je suis souvent obligée de déplacer des paragraphes entiers dans mes tentatives romanesques, pour rendre le flux intelligible. 🙂

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  2. Je découvre un autre de tes poèmes…
    Celui là est sublime!
    J’adore “voici janvier au ventre creux”
    Tu as beaucoup de talent,et une délicate sensibilité
    La poésie a de la chance,ton chant l’honore !

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