A Joséphine

Notre rencontre n’est pas datée, aucune image n’en est restée. Elle eut lieu à l’âge où la durée ne se scinde ni ne s’accumule, courant ignorant des digues, houle d’outre-rivage. Je sais seulement que je l’ai vue. Bleue, mais non comme peuvent l’être tes yeux ou le ciel, la tristesse ou la joie, le jour ou la nuit. Elle est le bleu quintessentiel, incommensurable à chacune de ses incarnations, et de ce bleu sourd la lumière, continûment.

Naissent les vagues des années. Voici que les livres dilatent et déplient le réel ; sous la surface des apparences s’approfondissent des cavernes d’échos. Les mythes et les récits rassemblent peu à peu ce bleu en un corps qu’ils habillent et découpent de côtes, de presqu’îles, de roches. Le souffle des pages tournées y sème des îles. En ce temps-là, elle a pour nom Egée – son âme est un éblouissement de murs blancs fleuris de bougainvillées, son rythme, escaliers où trottent des chats faméliques dont le sacerdoce est d’aiguiser la lumière aux étincelles de leur pelage nocturne. A d’autres elle parle de vacances, de joies charnelles et de légèreté, mais c’est qu’ils ne la voient pas. Je la sais minérale – reflets, marbres, gypses et micas, brûlure et sel, et au cœur de son bleu est le noir de Midi, gouffre dans lequel passe la voile du bateau de Thésée. Ses colères sont brutales et sur ses vagues chevauchent les mugissements de la folie tragique. La comptine de mon enfance est la suite de ses noms, noms de ses archipels et de ses îles, nom des hommes de chair ou de parole qui gagnèrent l’immortalité par le sang, sur les sommets de la gloire et de la douleur, noms de ses villes et de ses dieux. Chaque fois qu’Ulysse s’arrache aux bras blancs de Calypso et renonce à l’éternité pour le sol ingrat d’Ithaque, je pleure de reconnaissance. De l’opiniâtreté de sa nostalgie, j’estampe mes couleurs que je hisse à hauteur de soleil. Je grandis à l’ombre de l’égide d’Athéna, sur les chemins arides de l’Attique ; dans les rayons du soleil je reconnais les flèches de l’Oblique, Apollon Loxias ; aux fontaines je salue Hermès ; je m’affilie de cœur au fougueux Poséidon. En lisant quelques pages de Renan, j’ai l’étrange impression que je le précède (c’est que je ne le comprends pas, mais l’ignorance de mon âge m’aveugle). Je ne sais pas pourquoi les professeurs rient des ébats des dieux avec l’air de croire en un progrès dans la conception de la divinité et la pensée religieuse. Pour moi tout est réel, tout est présent. Je vis enracinée dans cet été perpétuel. Là où d’autres logent l’amour ou la rage dont ils vivent, j’emporte l’écartèlement de sa lumière.

J’ai bientôt douze ans. On me promet la Grèce pour cet été. Je n’ose y croire, et je fais bien : finalement, ce sera l’Italie. De cette trahison (Rome n’est alors pour moi que le fossoyeur de la Grèce et je la déteste presque autant que j’abhorre le christianisme), je garde longtemps la rancune adolescente. Oui, je suis obligée de reconnaître que la Toscane est belle, que Sienne, que Ravenne, que Florence, que Pise et Lucques, et bien d’autres, méritent encore mieux que les cris d’émerveillement dont les adultes les encensent. Mais peu m’importe, ce n’est pas chez moi, je fais une overdose d’églises baroques et rue dans les brancards. Dans ma bouche s’intensifie l’amertume de l’exil.

A l’école, la Géographie et l’Histoire se liguent pour me décentrer. On me dit qu’elle est bien plus vaste que je ne le crois, et on m’apprend à reconnaître d’autres rivages, d’autres langues et usages, d’autres dieux tissés dans les plis de sa robe. Je m’y fais.

Le temps et la vie lentement m’enténèbrent. Les dieux sont partis de l’autre côté des mondes et les flèches d’Apollon ont déserté les rayons du soleil. L’adolescence est aride et amère, épine du désert qui rechigne à fleurir. Je traduis des textes anciens comme on s’enduit d’un baume réparateur. Les chicanes des orateurs attiques, avec lesquelles tout apprenti helléniste doit faire ses classes, me désenchantent davantage ; j’attends assoiffée qu’on me donne Homère, qu’on me donne Sophocle, qu’on me donne Eschyle et le sourire innombrable des vagues (patience, cela viendra). Parfois, au détour d’une lecture dans un coin de la bibliothèque, des paillettes d’or se prennent à mes cils : Elytis, Séféris, Ritsos. En les lisant je perçois conjointement familiarité et distance. Certains parlent d’exil, d’un double exil dans le temps et l’espace, et nous pleurons ensemble.

Je rencontre Camus parmi les livres de ma mère : deux volumes de la Pléiade, les seuls de notre modeste bibliothèque (datant d’années impécunieuses, c’était un assemblage conçu pour des nomades, fait de planches posées sur des briques et démontable en un clin d’œil : juste ce qu’il fallait à ma mère). Je les feuillette, intriguée par la finesse du papier bible et la dorure de la tranche, puis je plonge. C’est une expérience indicible, une découverte de mes sensations, mes impressions, mes profondeurs, mises en mot par quelqu’un qui sait s’y prendre, mieux, quelqu’un chez qui l’éblouissement devient une pensée – comme sa source – éclatante et nue. Sur les pages, les caractères sont presque trop petits pour mes yeux myopes, mais la lumière qui en jaillit est impossible à confondre – cet homme et moi sommes frères de sel comme d’autres de lait, nous avons la même Méditerranée (et si cela paraît prétentieux, cela ne laisse pas d’être vrai). Plus tard j’apprends que ces deux tomes ont été offerts à ma mère pour fêter la complétion de sa thèse de doctorat qui portait…
… sur la Méditerranée dans les œuvres de Camus, Gide et Montherlant. Je cligne des yeux, ébahie. Mémoire de chair, transmise par les gènes ?

Je vais avoir dix-neuf ans, et à la marée montante de l’enfance je tente de survivre en cherchant Dieu, à l’aveugle. Pour la conversion (très imparfaite, il est vrai, et toujours à recommencer) d’une âme aussi radicalement païenne que la mienne, j’espère qu’on s’est réjoui là-haut. Je visite la Crète. Je sais désormais adopter la fadeur nécessaire pour tamiser l’éblouissement et apprécier comme les autres l’architecture et l’histoire – sacro-sainte mise à distance et en contexte, signe de maturité. Cnossos, fourmillant de touristes, fait moins battre mon cœur que les monastères belliqueux perchés sur les sommets, qui enserrent de leurs fortifications des jardins de jouvence. Un ami à l’oreille fine me prête L’Été grec de Jacques Lacarrière, et des pierres du mont Athos je construis un gué qui, plus tard, me sauvera – jonction vers une Grèce chrétienne.

Je n’ai touché à la terre de Grèce qu’à vingt-deux ans. Mon compagnon, archéologue, m’y conduit. C’est le printemps, mais le ciel est à l’automne, il bruine sur les montagnes. La route égrène la comptine de mon enfance – Nauplie bleue d’orage, Orchomène d’Arcadie où un pâtre mène son troupeau, Tégée et Mantinée, Corinthe dorée, Thèbes, Messène, Epidaure, la glorieuse Olympie, Larissa, Argos et Mycènes qui me serrent les entrailles, Athènes… Les noms prennent corps mais la musique n’y est pas. Je visite la Grèce comme, au matin, on regarde un être très aimé que le mystère d’une mutation nocturne nous révèle inconnu – estranged. Ma tristesse est lasse. Cependant, dans le Péloponnèse où peine à s’établir le printemps, voici Sparte, qui si longtemps me fit moi-même. Un rayon de soleil s’y hasarde. Pas de temple de marbre, pas de colonnade, presque rien – ce n’est pas dans les pierres que Sparte plaçait son orgueil. L’Eurotas charrie des éclats de ciel pâle entre les roseaux. Le Taygète pèse contre l’horizon ; sur ses sommets s’attarde l’hiver. Le vent passe dans les oliviers. Rien n’est bleu, rien ne brûle ni n’éblouit, pourtant je suis chez moi. Dans le silence de la cité des Égaux, j’entends enfin le chant tant attendu.

Depuis, les oliviers de Sparte ont voyagé avec moi. Avec eux, doucement, ma Méditerranée a en partie dépouillé sa minéralité. Je la rencontre désormais aussi intense dans les plantes qui naissent sous son climat. Au voyageur qui descend vers le Sud, ce sont elles qui signalent mieux que tout l’entrée dans son royaume. Les feuilles s’argentent et s’amenuisent, ou au contraire se gonflent de réserves d’eau. Les essences se concentrent, les épines se dressent – l’ennemi n’est plus la froidure de l’hiver (d’ailleurs les feuillages se font persistants), mais l’emprise tyrannique de l’été. C’est d’elle que tirent leur intensité les effluves passant sur les chemins. Accrochés aux promontoires d’ocre marine, les pins appuient contre le vent des bras chargés de bonheur. Ô vitrail du ciel ! Le genêt et le chêne vert, le myrte sacré, le chêne kermès, le ciste cotonneux, le coquet laurier, le figuier et l’amandier, le joyeux mimosa, les agaves venues d’Amériques, tant et tant de consentements où se réfracte en nuances vivantes le bleu originel. Les plantes font de la Méditerranée un parfum, une nourriture, un élan, un avenir. Il me plaît de les voir glisser dans les fissures des civilisations leur désir entêté. Leur triomphe est tranquille et leur beauté, à mes yeux, inépuisable.

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33 thoughts on “Méditerranée

  1. Plusieurs choses sont bouleversantes dans ton texte.

    Le style y est parfait, exigeant, il épouse parfaitement les méandres de ta pensée qui se veut précise, exacte.

    Mais surtout, bien sûr, la profondeur d’un pays lieu de toutes les légendes. Le regard d’enfant pour qui tout est réel. J’ai l’impression que tu parles de moi quand tu racontes cela! Les professeurs qui rient et toi qui ne vois pas pourquoi. Je voyais pas non plus. Le pays était dans ma tête, jamais vu, mais si vrai, peuplés des corps ciselés au marbre d’Homère. J’entends la naissance du professeur de lettres classiques qui doit avoir une profondeur émouvante pour ses élèves.

    J’entends aussi que pour toi, jeune fille déracinée par essence, les mythes et le soleil grecs étaient devenus ta propre racine, ton point fixe. Te les étais-tu donnés, s’étaient-ils imposés à toi? Tut est dans le mystère du premier regard oublié que tu évoque dans les premières lignes.

    Ce qui me touche encore, et que tu rends parfaitement, c’est la dureté du paysage grec, tranchant, écartelé de soleil, et surtout, ta relecture du paysage à 22ans, où la magie semble t’avoir quittée. L’oeil de l’adulte “en contexte” dépossède la beauté. (c’est une écho à ma volonté de professeur de laisser aux élèves la chance d’être éblouis, avant tout discours).
    Et finalement, Sparte. Sparte ancrée dans l’imaginaire par des idées et non des pierres. Il ne reste presque rien, tu le dis. L’absence de monument semble laisser la place à ton esprit d’enfant de se redéployer.

    Puis les plantes, la générosité débordée, vive et sans concession de ce monde méditerranéen qui se faufile entre les pierres et surgit d’un mur ou d’un autre. La saisir, partout où elle point. Il y a quelque chose de plus doux dans ta méditerranée d’aujourd’hui.

    J’arrête de te paraphraser (bien mal, en plus), excuse moi, mais un simple “c’est très beau” n’aurait rien dit.
    Merci Quyên pour cette page que je vais imprimer, et garder dans ma bibliothèque, à côté de Gracq, de Camus et d’Homère. (ce n’est pas de la flatterie, vraiment pas).

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    1. Oh mon Dieu, à côté de Gracq, Camus et Homere !!! Je ne sais vraiment pas quoi dire !
      Plus sérieusement, merci de ta lecture. Je suis heureuse qu’il t’ait plu et touchée si tu t’y es reconnue… je disais que nous sommes nombreuses qu’Antigone fait sœurs, mais nous sommes innombrables qu’Homere a peuplés d’indomptables rêves.
      Oui, ma Méditerranée a un peu changé, et si l’aride Attique et les Cyclades en sont toujours le cœur, j’en connais mieux la diversité.
      “Laisser aux élèves la chance d’être éblouis, avant tout discours” : c’est essentiel, je suis d’accord avec toi. 🙂

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      1. Je crois bien que tu as raison: Homère rend la matière à tant de chimères… Je le sens encore dans les yeux des élèves de 6eme qui ne veulent pas, ne peuvent pas croire que ce qu’ils lisent n’est pas vrai! Cela me fend le coeur de devoir les détromper…

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      2. Enfin, pour le rapport aux paysages: vient-il de notre histoire? Un paysage tranché de la méditerranée m’émeut, mais comme une épine dans le coeur. Je ne sais pourquoi. Peut-être est-ce l’image de la nature au-delà de tout, du monde qui ne s’embarrasse pas des hommes, et qu’on n’a qu’à faire avec. Les vallons verts, doux et humides, fleuris de printemps aux couleurs douces, me bouleversent autrement. J’y vois l’hamonie de l’homme et du monde. C’est comme s’ils s’accordaient mieux à mon tempérament (au sens du tempérament défini par Zola, je crois). Encore une fois, je ne sais pas exactement.

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        1. Pour moi, oui, c’est une question de tempérament. Mais quant à savoir si le paysage forme le tempérament ou si c’est celui-ci qui nous conduit à graviter vers tel ou tel paysage… Question artificielle, c’est vrai.
          A mes yeux, le paysage qui exprime avec perfection l’harmonie de l’homme avec son environnement naturel est celui de la Toscane et de l’Ombrie. Mais je ne peux évidemment parler que des endroits que j’ai visités.

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          1. Je n’y suis jamais allée…mais j’en rêve!
            Cette harmonie est présente dans mes collines, il me semble. Nous l’avons sentie très forte aussi, dans les collines et les petits villages du cap corse, mais c’était différent encore. L’homme y a moins de place que dans mes collines, très cultivées, pleines de petits carrés.

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            1. Mes parents habitent pour un peu encore à Toulon, qui vaut mille fois mieux que sa réputation. Je vois les ferries partir pour la Corse et la Sardaigne… Un jour, sûrement !

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  2. Merci pour ce cadeau. J’ai l’impression de fêter mon non-anniversaire, d’être revenue au pays des merveilles, guidée par la main par Mlle Exactement.
    Tu ne devrais pas regretter de parler de toi car tu sais très bien parler de toi. C’est bien plus que la Méditerranée, c’est l’histoire de notre perception – celle mythique de l’enfance, à la fois sèche et assoiffée de l’adolescence et qui trouve sa source à l’âge adulte, pour refleurir… Évidemment c’est aussi la Méditerranée, que tu pèles et ouvres et partages comme une orange pour nous en offrir le suc – la Méditerranée est um paysage parfum, je le sens comme toi.
    Je ne parviens pas à écrire sur moi, ou plus exactement à écrire mon histoire – à la première personne et chronologiquement, ma vie s’écoule et disparaît entre mes mains, il ne me reste rien. Souvent pour dire une émotion, il me faut la troisième personne, la première ne s’ouvrant qu’aux personnages. Tout ça pour dire que j’admire ta capacité à faire vivre ta vie, à l’incarner, la dérouler. Merci.

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    1. Merci Joséphine ! Comme d’habitude, tu as de bons yeux, et tu sais dire. Justement, la question de la personne (1ère, 3ème) m’a turlupinée. J’étais partie sur ma perception de la Méditerranée (un aperçu forcément très parcellaire), sur un “je”, et ai naturellement été conduite à raconter ma vie (d’ailleurs, je te remercie d’y trouver un intérêt…). Ce n’est pas honteux. Pourtant… J’aurais voulu éviter la tournure chronologique et autocentrée de cet “exposé” et être plus fidèle aux merveilles de la Méditerranée. Et pour raconter ces merveilles, j’aurais précisément eu besoin de la troisième personne. Je me le suis dit (“aïe, zut, je bute sur un obstacle, la méthode de Joséphine conviendrait mieux”). Je tenterai cela une autre fois.
      Tu as de la chance de ne pas te retrouver à buter sans arrêt contre les limites de ton histoire. Je lie cela aussi à la hauteur de vue dont tu fais si souvent preuve – esprit philosophe, amateur d’images mais qui sait les choisir avec exactitude car il voit les choses avec la distance nécessaire. Moi, le nez dans mon environnement immédiat, dans mes sensations, à demi-inconsciente.
      Conclusion : j’ai peut-être raté l’objectif que je m’étais proposé, mais autre chose est venu qui n’est pas, pour moi du moins, dénué d’intérêt, puisque cela m’a permis de trouver un chemin dans mon expérience.

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    2. On en revient à la question de l’imagination. J’admire le pouvoir de la tienne, et la façon dont elle sert ta transcription du réel. Tu en décolles et pourtant le dis si bien qu’on croit davantage à la réalité de tes créations. Quant à moi, il m’aimante, j’y reste collée.

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  3. Je vois ce que tu veux dire… Mais je suis immergée dans la réalité à ma manière, une réalité que je ne parviens pas à distinguer de l’imaginaire, c’est pourquoi je ne pourrais raconter ma vie, même un de ses événement – elle deviendrait tout de suite une fiction, au sens fort, une sorte de conte. Et malheureusement je suis une très mauvaise philosophie, ce qui ne m’empêche pas de m’y adonner par goût pour le vertige. J’ai une pensée corps et sa version langagière, la pensée image. Je n’arrive pas à me désincarner.

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    1. Tu ne m’envahis pas du tout ! Je reconnais la pensée image dans ta langue, qui fait supputer la pensée corps… je peux imaginer que cela puisse gêner pour la philosophie, mais je ne comprends pas bien pourquoi, car elle dit le réel avec une grande acuité et d’une manière qui n’est pas simplement descriptive, mais fait jaillir des connexions éclairantes.
      Oui tes textes ont souvent une magie de conte qui fait aussi leur charme et leur beauté.
      Il faudrait que j’arrête de me poser des questions sur ce que j’écris (j’ai envie de dire, des questions posthumes). On écrit ce qu’on a à écrire sur le moment. 🙂

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      1. Toi, tu as réécrit ton commentaire, je t’ai vue ! Rien à dire, je fais la même chose… 😉
        Pour la philosophie, en effet la pensée imagée n’est une gêne en soi, seulement dans le monde académique auquel se réduit aujourd’hui la philosophie : elle a penché du côté de la science plutôt que de l’art, a pris comme attributs la systématicité​ et le concept, plus faciles pour évaluer et vérifier la pensée… Refus aussi du style en général à l’Université, comme suspect, subjectif… Il y aurait tant à dire. Je préfère les penseurs aphoristiques et métaphoriques. Les poètes sont plus philosophes que bien des philosophes – René Char. Oh je n’étais pas mauvaise en cours (tu t’en doutes), je savais travestir ma pensée, bonnes notes aux examens et aux concours mais mon directeur de recherche m’a dit à la conclusion de mon mémoire que je devrais plutôt écrire de la poésie – et ce sans méchanceté, en m’y encourageant. 😉

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        1. Oui oui, j’ai réécrit mon commentaire, le bavardage en était à peine supportable. Merci pour ces précisions, très intéressantes ! Mais oui, de la poésie, véritable outil de déchiffrage du monde et de révélation, absolument. C’est très dommage que cela soit considéré comme jeu esthétique pour rimeurs romantiques.

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      2. Pour ce qui est de la réflexion sur l’écriture, cela vient après comme toi. Le problème est que j’aime tellement réfléchir 🙂 Analyser les gens, les choses, le pourquoi et le comment. Philosophe, amoureuse de vérité… Alors l’écriture ne peut pas y échapper, pas plus que la jalousie ou une grenouille. Mais je tente de me retenir car l’auto-analyse peut être stérilisante.

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          1. Je crois que je lui demandais même si Dieu existe – la question du sens, finalement.
            Et pour l’écriture, j’aime cependant y réfléchir sur le blog et avec toi, c’est enrichissant, stimulant, pas du tout stérile.

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            1. Moi aussi j’aime réfléchir avec toi. Je le disais à mon mari aujourd’hui : que ca fait du bien d’échanger avec plus intelligent que soi (ne proteste pas, tu vois ce que je veux dire, je ne dénigre pas mon esprit) !

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